Chapitres

  1. 01. Le texte
  2. 02. Le commentaire
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C'est parti

Le texte

Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n’avais pas le temps de me dire : « Je m’endors. » Et, une demi-heure après, la pensée qu’il était temps de chercher le sommeil m’éveillait ; je voulais poser le volume que je croyais avoir encore dans les mains et souffler ma lumière ; je n’avais pas cessé en dormant de faire des réflexions sur ce que je venais de lire, mais ces réflexions avaient pris un tour un peu particulier ; il me semblait que j’étais moi-même ce dont parlait l’ouvrage : une église, un quatuor, la rivalité de François Ier et de Charles Quint. Cette croyance survivait pendant quelques secondes à mon réveil ; elle ne choquait pas ma raison mais pesait comme des écailles sur mes yeux et les empêchait de se rendre compte que le bougeoir n’était plus allumé. Puis elle commençait à me devenir inintelligible, comme après la métempsycose les pensées d’une existence antérieure ; le sujet du livre se détachait de moi, j’étais libre de m’y appliquer ou non ; aussitôt je recouvrais la vue et j’étais bien étonné de trouver autour de moi une obscurité, douce et reposante pour mes yeux, mais peut-être plus encore pour mon esprit, à qui elle apparaissait comme une chose sans cause, incompréhensible, comme une chose vraiment obscure. Je me demandais quelle heure il pouvait être ; j’entendais le sifflement des trains qui, plus ou moins éloigné, comme le chant d’un oiseau dans une forêt, relevant les distances, me décrivait l’étendue de la campagne déserte où le voyageur se hâte vers la station prochaine ; et le petit chemin qu’il suit va être gravé dans son souvenir par l’excitation qu’il doit à des lieux nouveaux, à des actes inaccoutumés, à la causerie récente et aux adieux sous la lampe étrangère qui le suivent encore dans le silence de la nuit, à la douceur prochaine du retour.

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Le commentaire

Introduction

  • Cet extrait ouvre le grand roman de la littérature française : À la Recherche du temps perdu.
  • Cette première partie, Combray, appartient au premier volume intitulé Du Côté de chez Swann et publié en 1913.
  • Son incipit est sans doute le plus célèbre de la littérature : « Longtemps je me suis couché de bonne heure. ».
  • Le narrateur raconte ici sa difficulté à s’endormir et les pensées qui l’assaillent alors.

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Plan

1ère partie → remplit-il sa fonction d’incipit ?

2ème partie → un guide de lecture pour tout le roman

  1. Ce début du roman remplit-il sa fonction d’incipit ?
    1. Quoi ?
      • Tout incipit traditionnel doit répondre à ces questions : qui, quoi, quand, où.
      • Avant de se poser la question du « qui », visiblement problématique, interrogeons-nous sur le quoi ?
      • Que se passe-t-il, qu’est-ce qui est raconté ?
      • C’est le récit du coucher du narrateur.
      • Marqué par l’habitude : « Longtemps, je me suis couché de bonne heure. ».
      • C’est aussi le récit des impressions qu’il ressent, de ses difficultés à s’endormir : « la pensée qu’il était temps de chercher le sommeil m’éveillait ».
      • C’est le récit d’une insomnie.
      • Des élucubrations du personnage : « il me semblait que j’étais moi-même ce dont parlait l’ouvrage : une église, un quatuor, la rivalité de François Ier et de Charles Quint ».
    2. Qui ?
      • Et qui est ce personnage ?
      • C’est le narrateur qui parle : on le sait dès la première phrase : « Longtemps, je me suis couché de bonne heure. ».
      • La focalisation est interne : le monde est vu à travers les sensations de ce « je ».
      • Nous sommes dans la conscience du narrateur : « je me demandais », « il me semblait ».
      • Le personnage n’a pas d’âge précis, mais il fait penser à un petit garçon : « l’excitation » est enfantine, les objets aussi rappellent une chambre d’enfant : la table de chevet avec la lampe allumée contre la peur de l’obscurité.
    3. Un incipit déconcertant ?
      • Cette indécision sur le narrateur + l’absence d’action (ou sa réduction à une simple insomnie) sont déconcertantes.
      • C’est un incipit en « media res » → nous sommes directement plongés dans le récit, sans introduction, sans description, sans préambule.
      • À peine si la première phrase donne un indice…
      • Quand et où ?
      • Où ? En France sans doute.
      • Quand ? Fin XIXe : « La bougie », le « bougeoir ». [transition]
  2. Les clefs de lecture
    1. Le roman de la conscience
      • La modernité du roman de Proust – et ce qui en a fait le succès – c’est ce récit de la conscience intérieure.
      • C’est la véritable action : l’aventure de la pensée et des émotions.
      • Ce qui est sensible dès cet incipit : nous sommes dans le moment entre réveil et sommeil, entre réalité et rêve.
    2. La portée universelle
      • Ce moment d’insomnie arrive à tout le monde.
      • Le « je » nous permet une identification.
      • D’autant plus qu’il n’est pas lui-même formellement caractérisé dans ces pages.
      • Il y a une portée universelle à cet incipit.
      • Nous ne sommes pas dans un roman autobiographique.
      • Il y a une valeur intemporelle.
    3. Un récit comme une musique
      • Le principal modèle est musical.
      • Le thème est donné : « Longtemps je me suis couché de bonne heure », puis nous avons un développement qui explique.
      • L’espace est celui de la chambre, qui est celui du rêve.
      • « autour de moi », « une forêt », des « distances », une « étendue de la campagne déserte », un « chemin », des « lieux nouveaux ».
      • C’est un voyage intérieur.
      • Avec des craintes, des angoisses.
      • C’est, enfin, une allégorie de la lecture : la lecture est une demi-conscience.

Conclusion

  • Malgré des apparences déconcertantes, cet incipit remplit sa fonction.
  • Qui ? Un jeune homme ; quoi ? Il n’arrive pas à dormir.
  • C’est une clef de lecture pour le livre : il s’agit des tergiversations d’une conscience.
  • Mais aussi d’une allégorie de la lecture : nous sommes pris par le flot des mots.
  • Nous entrons dans une intériorité.
  • Le roman est contemporain de la psychanalyse de Freud : c’est le sujet qui est interrogé, c’est son inconscience.

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Clément

Freelancer et pilote, j'espère atteindre la sagesse en partageant le savoir que j'ai acquis lors de mes voyages au volant de ma berline. Curieux scientifique, ma soif de découverte n'a d'égale que la durée de demie-vie du bismuth 209.