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Méthode de la dissertation

Analyser le sujet

Tout d’abord, il convient d’analyser le sujet qui vous est donné à traiter.

Cela se passe en plusieurs temps.

La formulation du sujet

D’abord, s’interroger sur la formulation du sujet, qui est généralement une question.

Dans l’exemple : « Quel est le but de La Fontaine en écrivant les Fables ? », la question s'intéresse à l’intérêt pour La Fontaine d’écrire ses fables. La problématique à traiter est donc de l’ordre de l’utilité : à quoi servent les fables de La Fontaine ?

Un bon moyen de saisir l’enjeu d’une formulation est ainsi de reformuler la question, comme nous venons de le faire.

Les notions à définir

Un sujet de dissertation comporte toujours différentes notions, qu’il importe de correctement définir pour, d’une part, montrer au correcteur que le sujet a bien été compris et, d’autre part, identifier les potentielles tensions contenues dans le sujet.

Dans l’exemple : « Quel est le but de La Fontaine en écrivant les Fables ? », il faut savoir ce qu’est un « but » et une « fable ».

Le but, lorsqu’on s’attache à le définir, peut revêtir différents aspects : est-ce un but social ? Est-ce un but économique ? etc.

Les présupposés

Enfin, une question suppose toujours des sous-entendus, ou des idées implicites. Il s’agit pour vous de les identifier, selon les articles, les adverbes ou les formules restrictives comme « toujours » ou « nécessairement ».

Dans l’exemple : « Quel est le but de La Fontaine en écrivant les Fables ? », on présuppose que La Fontaine écrit avec une idée en tête.

Le plan

Une fois le sujet analysé, vous devez être capable de construire un plan de deux ou trois parties, à partir d’une problématique.

La problématique peut être exactement la même que le sujet, s’il s’agit d’une question. Mais l’analyse du sujet peut aussi vous faire aboutir à une autre question, qui vous semble plus pertinente, ou directement liée à celle qui vous a été posée.

Les deux ou trois parties doivent être liées d’une manière logique. :

  • 1ère partie : on fait état d’une première réponse, qui se révèle en fait superficielle. La fin de cette partie manifeste le caractère incomplet de cette réponse
  • 2ème partie : on y montre les limites de la première partie, sans pour autant se contredire (sinon, à quoi bon avoir écrit la première partie ?). Il faut s’attacher à dépasser plutôt ces limites, c’est-à-dire à approfondir dans un sens ou dans un autre ce qui a été montré au début
  • 3ème partie : ce n’est pas une partie nécessaire. Si vous la rédigez, c’est que les deux premières parties vous semblent insuffisantes et que les réponses apportées ont encore quelques limites.

Sur votre brouillon, ces parties là ne doivent pas être rédigées. Dans l’idéal, il y figure les exemples que vous allez utilisez pour appuyer votre argumentation ainsi que les transitions (comment passer d’une sous-partie à une autre d’une manière cohérente et logique ?).

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Rédiger l’introduction et la conclusion

Au brouillon, il vous faut en revanche rédiger l’introduction et la conclusion. La rédaction de celles-ci ne doit intervenir qu’une fois l’analyse du sujet et votre plan terminés.

  • l’introduction : elle doit faire apparaître l’analyse du sujet que vous avez menée. Ainsi, il s’agit de définir les termes du sujet qui posent problème et de montrer en quoi le sujet est problématique. On peut pour cela s’aider du sens comment. Elle se termine sur l’annonce de votre problématique et l’annonce de votre plan.
  • La conclusion : elle propose un bilan de votre réflexion. Attention : elle n’est pas un résumé de votre développement. Vous devez y exposer la solution à votre problématique et mettre en lumière les difficultés qui subsistent encore. On ne cite pas d’auteur, ni d’exemple, et on ne propose pas d’ouverturee

Rédiger le développement

Le développement comprend vos parties, elles-mêmes composées de sous-parties. Il ne faut pas y mettre les titres, comme ici. Contentez-vous d'annoncer explicitement leur sujet - ce que vous allez y traiter.

Il faut y mettre des exemples tirés de vos lectures, en faisant référence à des passages précis.

Les citations sont également bienvenues.

Il faut s’assurer de la logique entre les parties et les sous-parties : de bonnes transitions vous rapporteront beaucoup de points.

Evidemment, il faut soigner l’orthographe et le vocabulaire ! Les correcteurs y sont sensibles, et ce sont-là des points aisément gagnés !

Rédaction de la dissertation

Introduction

Les Fables de La Fontaine font partie du patrimoine littéraire français, voire mondial. Regroupées dans trois recueils entre 1668 et 1694, pour un total de deux cent quarante trois fables, elles furent inspirées à Jean de La Fontaine par les antiques Esope, Babrius et Phèdre.

Elles mettent généralement en scène des animaux anthropomorphes et contiennent, presque systématiquement, une morale.  Mais parce qu’elles semblent d’une lecture assez simple, malgré la langue du XVIIe siècle, parce que les morales semblent claires et sont devenues proverbiales, parce qu'elles sont devenues incontournables dans l'enseignement de l'école primaire, on a tendance à sous-estimer la valeur didactique de ces écrits.

Car, au moment d'étudier les fables de La Fontaine, il nous appartient de restituer le contexte socio-historique dans lequel elles ont été écrites. Jamais, La Fontaine ne s'est seulement fait bouffon du Roi ; son but était plutôt double, conformément à la formule latine : « placere et docere » - « plaire et instruire ». Pourtant, dire cela ne suffit pas.

Annonce de la problématique

Pouvons-nous, par l'étude de ces Fables, déterminer leur but ? Ou même, leurs buts ?

Annonce des axes

Nous verrons dans un premier temps quels sont les moyens de La Fontaine pour rendre ses fables agréables à la lecture. Mais dans un second temps, il faudra voir quel est l'intérêt, pour lui, de les rendre agréables, puisque le simple plaisir d'être lu ne semble pas suffisant pour expliquer leur production.

Quelles sont les caractéristique du genre de la fable ?
Jean de la Fontaine est sans aucun doute le plus grand représentant du genre de la fable en France !

Développement

Des fables qui plaisent

Il est incontestable que les fables écrites par La Fontaine ont la volonté de plaire. Ceci est perceptible à travers plusieurs points. L'art de l'apologue lui-même, dont elles sont issues, avait déjà cet objectif - incontournable, en outre, de toute production littéraire. Mais le genre de la fable s'émancipe de l'apologue pour établir sa propre poétique, avec ses propres rythmes et ses propres registres. Enfin, l'aspect merveilleux qu'elle contient vise également à émerveiller le lecteur pour mieux retenir son attention.

L’art ancestral de l’apologue

Si on assimile un peu trop vite les fables à la littérature de jeunesse, il faut d’abord contextualiser la production et la diffusion de l’œuvre pour en comprendre les enjeux.

Nous sommes au XVIIe siècle, siècle de Louis XIV, le Roi Soleil. La production artistique, dont la littérature, est destinée à un public cultivé et privilégié économiquement. La culture appartient au pouvoir, et sans l’appui de « mécènes » et de « protecteurs », toute production est impossible.

C’est ainsi que La Fontaine dédie la première fable de chacun de ses livres à un personnage important : Madame de Montespan (la favorite du roi : c’est donc un moyen indirect de toucher le souverain). Mais suivent d'autres grands noms de l'époque : Monseigneur le Dauphin (le fils du roi Louis XIV et de la reine Marie-Thérèse) ; Monseigneur le Duc de Bourgogne (le livre XII) ; ou encore à Madame de la Sablonnière.

C'est là une première preuve de la volonté de La Fontaine de plaire : il évolue dans un milieu social précis, régi par des codes, et qu'il appartient de maîtriser pour pouvoir continuer à exister. D'ailleurs, La Fontaine ne manifeste pas autre chose lorsqu'il écrit dans la préface de son Livre I :

« On ne considère en France que ce qui plaît : c’est la grande règle, et, pour ainsi dire, la seule. »

Néanmoins, les débuts d'ouvrage ne servent pas que les dédicaces aux hauts personnages.  Ils précisent également l'enjeu et l'inspiration de l'auteur.

Dès le premier livre, le principal modèle est ainsi explicité dans le court poème « A Monseigneur Le Dauphin » :

« Je chante les héros dont Ésope est le père ».

Esope est un écrivain grec ayant vécu entre le VIIème et le VIème av. J-C. Il passe pour être l'inventeur de la fable et, de fait, La Fontaine reprend nombre de ses productions, comme « Le Loup et l'Agneau » ou « La Tortue et le Lièvre ».

Quels sont les thèmes des fables de la Fontaine ?
Les fables comportent toujours une morale qui donne à réfléchir à un sujet important de la société !

En invoquant son nom, La Fontaine se place d'emblée sous l'autorité d'un auteur antique. Il manifeste par là sa volonté de s'inscrire dans une tradition et revendique lui-même une parenté, pour être intégré à la caste des grands auteurs.

Car l'apologue, qui est un court récit se terminant par une morale, descend d'une longue tradition littéraire, sans limite géographique. La Fontaine se fait ainsi à la fois le porte-parole et le continuateur d'un genre à succès.

Le Moyen-Age est à l'origine de la fable « Le Corbeau et le Renard », qui apparaît dans Le roman de Renart ; les traditions indiennes et arabes lui ont inspiré « Les Animaux malades de la peste » ou « Les poissons et le Cormoran ».

Néanmoins, La Fontaine donne au genre une véritable poétique ; il lui donne une nouvelle forme, en tant qu'il s'inscrit dans la modernité de son époque, et vise à renouveler des histoires universelles.

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Une poétique de la fable

Mais il y a aussi un aspect plaisant de la fable qui lui est propre, c’est-à-dire qui dépend de sa composition : c’est la poétique de la fable. Il faut plaire, et cela passe aussi par la forme. La fable réclame la concision, et une dynamique de lecture efficace.

Dans la fable « La Laitière et le pot au lait », par exemple, nous avons dans les trois premiers vers toute l’essence de la fable qui va suivre :

« Perrette sur sa tête ayant un Pot au lait

Bien posé sur un coussinet,

Prétendait arriver sans encombre à la ville. »

Il y a d'abord la présentation du personnage, « Perrette », prénom hypocoristique (qui exprime une intention affectueuse, grâce au suffixe « -ette »), qui déjà nous présente un personnage pour qui nous avons de la sympathie ; il y a ensuite « le Pot au lait », objet qui permet le rêve (tout ce qu’elle pourra acheter en le revendant) ; et la situation critique, avec « prétendait arriver sans encombre à la ville » : toute la fragilité de la démarche tient dans ce verbe « prétendait » qui laisse deviner au lecteur attentif le drame qui va se jouer…

Nous sommes dans une forme versifiée, qui est donc une forme poétique. La versification a un rôle essentiel dans le récit. Ce qui caractérise la versification des fables est l’hétérométrie : les vers ont des longueurs différentes qui viennent toujours épouser le sens ou l’impression qu’ils doivent dégager. Le fond et la forme se rejoignent.

Ainsi, on trouve des vers courts pour l’action, vers longs pour les sentiments (le lyrisme) : c’est le cas, par exemple, dans la fable « Les deux pigeons » : l’aventure du voyage est rythmée par des vers courts et nerveux :

« La Volatile malheureuse,

Qui, maudissant sa curiosité,

Traînant l’aile et tirant le pié,

Demi-morte et demi-boiteuse,

Droit au logis s’en retourna :

Que bien, que mal elle arriva

Sans autre aventure fâcheuse. »

La deuxième partie du poème, très lyrique, présente plutôt des vers longs, et un rythme ample

« Hélas! Quand reviendront de semblables moments?

Faut-il que tant d’objets si doux et si charmants

Me laissent vivre au gré de mon âme inquiète?

Ah! si mon cœur osait encor se renflammer ! »

La Fontaine utilise tous les moyens et tous les procédés du poème pour agrémenter ses moralités. L’art de La Fontaine consiste à donner l’impression d’une fluidité et d’une facilité, c’est-à-dire d’une légèreté qui est synonyme de plaisir pour le lecteur.

Ailleurs dans la préface du livre 1, La Fontaine précise même le rôle de ses fables, et l’utilisation d’animaux :

« Tout parle en mon ouvrage, et même les poissons :

Ce qu’ils disent s’adresse à tous tant que nous sommes ;

Je me sers d’animaux pour instruire les hommes. »

« Plaire » pour « instruire », à travers les « animaux », l’humour (« même les poissons »…), voire l’ironie.

Un bestiaire symbolique

Il y a une caractéristique essentielle à cet aspect plaisant de la fable, c’est son aspect merveilleux. Le « merveilleux » s’inscrit dans la tradition médiévale et chrétienne : c’est ce qui surpasse la réalité et donne un sens supérieur aux choses.

Dans Les Fables, le merveilleux est surtout présent à travers les animaux. C’est l’ensemble des animaux, ce qu’on appelle le bestiaire, qui donne au livre cet aspect fascinant qui est encore aujourd’hui très efficace.

Le choix des animaux n’a jamais rien de gratuit ou d’aléatoire, et il faut, quand on aborde une fable, comprendre toute la portée symbolique, parfois complexe des bêtes utilisées. Même si, bien souvent, la symbolique nous semble évidente (notamment parce que La Fontaine est devenu très connu et que c’est par lui justement que la représentation symbolique des animaux est entrée dans les mœurs) comme pour le lion, qui symbolise la puissance, la royauté, le pouvoir ; le renard, la ruse, la duperie, l’intelligence malicieuse ; le « loup », la violence et la cruauté ; l’« âne », le travailleur, l’honnêteté, mais aussi la bêtise.

Car certains animaux ont une symbolique plus complexe qui invite à une lecture plus fine. Comme, par exemple, dans « Les obsèques de la Lionne », où le Cerf est à la fois le « serf », c’est-à-dire l’esclave du roi, mais aussi le symbole du Christ (un cerf apparaît par exemple à Saint-Eustache), c’est-à-dire du martyre, et de la rédemption.

En fait, la symbolique est toujours un peu plus complexe qu’il n’y paraît, autant que le sens particulier d’une fable peut l’être : c’est cela aussi le plaisir, chercher le vrai propos de ce qui est « enseigné ».

Transition

« Plaire » ne signifie pas seulement répondre à l’attente des lecteurs : il s’agit de s’inscrire dans une tradition ancestrale et de savoir manier les techniques poétiques. C’est aussi cela qui donne plus de crédit aux « leçons morales », qui permet aussi de leur donner plus de force.

Et qui finissent par instruire

Les fonctions de la Fable

« Placere et docere », « plaire et instruire », « plaire en instruisant » peut-on lire dans la première fable des Fables, voilà les deux principales fonctions de l’art de l’apologue, qui sont en fait inséparables.

La Fontaine revient à plusieurs reprises sur ce rôle des fables. Souvent, comme nous l’avons déjà souligné, dans les fables dédicacées à des personnages importants (les premières fables de chaque livre), mais aussi au fil des fables elles-mêmes, comme par exemple, dans celle intitulée justement « Les Fonctions de la fable ».

À la fois critique de l’inertie des auditeurs, critique de leur propension à préférer s’amuser plutôt qu’à envisager sérieusement le danger qui les guette (l’invasion macédonienne de la Grèce, comme elle a eu effectivement lieu), mais aussi éloge de l’efficacité, voire de la nécessité de l’apologue : sans plaire, il est impossible d’instruire (sans la fable, il est impossible d’attirer l’attention : c’est la captatio benevolentiae antique).

La Fontaine l'affirme lui-même, dans la fable « Le Pâtre et le Lion » :

« Une morale nue apporte de l'ennui :
Le conte fait passer le précepte avec lui. »

Et, en parallèle :

« conter pour conter me semble peu d’affaire ».

D’un côté nous avons l’affirmation que la morale seule est rébarbative, inefficace, inutile ; de l’autre, nous avons la dénonciation du divertissement gratuit. L’art de La Fontaine, c’est allier l’utile à l’agréable.

La morale et les moralités

Évidemment, la moralité (la formule concise qui vient résumer le propos moral de la fable) semble être une des caractéristiques principales de la fable. Une fable est une histoire plus une moralité qui vient en éclaircir le sens. Pourtant, dans les faits, l’affaire est plus compliquée.

Nous relevons en effet différents cas de figure, que l’on peut regrouper en deux catégories. D’abord, la morale peut être explicite, c’est le cas le plus fréquent peut-être, et celui qu’on attend naturellement. La morale est alors énoncée clairement, soit en fin de fable, soit en début, parfois au milieu.

Ainsi : « Il se faut entr’aider, c’est la loi de nature », VIII, 17 ; « En toute chose il faut considérer la fin », III, 5 ; « Ils demandèrent la sagesse : / C’est un trésor qui n’embarrasse point », VII, 6, etc. Ces formules explicites sont devenues parfois proverbiales (« Adieu veau, vache, cochon, couvée ! » dans « La Laitière et le Pot au lait »).

Qu raconte la fable « Les obsèques de la Lionne » ?
Les Fables de La Fontaine / dessins originaux de Grandville (1837-1838)

On en trouve aussi parfois plusieurs dans la même fable (comme dans « Les deux pigeons » : « L’absence est le plus grand des maux », « Soyez-vous l’un à l’autre un monde toujours beau, / Toujours divers, toujours nouveau ; / Tenez-vous lieu de tout, comptez pour rien le reste. », ou encore sur l’enfance : « cet âge est sans pitié »).

Mais la morale peut être aussi implicite, c’est-à-dire qu’elle n’est pas clairement énoncée, et que c’est au lecteur de la formuler. Nous pouvons prendre comme exemple la fable « Le Chêne et le Roseau », où La Fontaine ne prend pas la peine de préciser le sens de son récit (qui pourrait être « La loi du plus fort n’est pas toujours la meilleure »).

« La Cigale et la Fourmi », fable très connue, ne présente pas non plus de morale claire. C’est aussi parce que le rôle de la fable est didactique : le lecteur doit faire l’effort de chercher, de comprendre, d’interpréter (c’est ce qu’on appelle un travail d’herméneutique). En général, cependant, un idéal de simplicité et de modestie se dégage de ces axiomes, de ces morales, comme dans « Le Savetier et le Financier » ou dans « Les deux pigeons » où l'un des deux pigeons quitte sa « moitié » (son ami) pour aller à l’aventure où il n’essuie que des déconvenues avant de rentrer chez lui. La morale – implicite – étant qu’il faut mieux rester là où on se sent bien plutôt que de courir à l’aventure.

Il critique aussi l’hypocrisie, le pouvoir excessif et injuste (dans la grande tradition des moralistes antiques). Il y a donc parfois une portée politique de la fable, comme dans « Les Obsèques de la Lionne » :

« Amusez les Rois par des songes,

Flattez-les, payez-les d’agréables mensonges,

Quelque indignation dont leur cœur soit rempli,

Ils goberont l’appât ; vous serez leur ami. »

Cette morale acerbe est évidemment pleine d’ironie. La Fontaine est loin ici d’être le conteur pour enfants qu’on voudrait qu’il soit. La Fontaine renoue avec la « sagesse antique », et plus précisément la philosophie épicurienne : il faut savoir profiter de la vie, oui, mais sans chercher à obtenir ce qu’on ne peut pas avoir, sans chercher à avoir trop. En fait, nous dit La Fontaine tout au long des fables, c’est que profiter de la vie, c’est profiter de ce qu’on a.

Un moraliste très peu moralisateur

Ainsi, il ne faut pas croire que la morale des fables est toujours celle qu’on croit. Il faut se rappeler que La Fontaine est un « libre penseur » (ce qu’on appelle à l’époque un « libertin ») : même s’il se protège (la condamnation royale ou religieuse peut être sévère), il est plus subversif qu’on veut bien le croire. C

Comme nous l’avons vu avec « Les Obsèques de la Lionne », il se permet de critiquer le pouvoir absolu et l’hypocrisie des courtisans (des gens de la cour). La même ironie est également présente dans une morale comme : « Il n’est pas toujours bon d’avoir un haut Emploi » (I, 4).

A qui La fontaine destinait-il ses fables ?
Louis XIV and His Family, Nicolas de Largillierre, 1710

Mais il faut aussi relire les fables sous un œil neuf : la morale qu’on veut nous enseigner n’est peut-être pas celle que La Fontaine voulait faire passer : tout dépend de l’interprétation de la charge ironique de certaines fables. Prenons un exemple célèbre : « La Cigale et la Fourmi ». Quel est le sens de cette fable ? Beaucoup s’accorderaient à dire que La Fontaine critique l’oisiveté, et engage au travail. Pourtant, plusieurs éléments viennent contredire cette version. D’abord, parce que la morale est implicite et qu’il faut toujours se méfier des morales implicites : c’est un appel clair à l’interprétation du lecteur. C’est un moyen pour La Fontaine de se protéger des censeurs. Ensuite, par la symbolique des animaux : la cigale chante, elle est un animal du soleil (du sud), elle est sympathique, elle respire la joie de vivre et le bonheur ; au contraire, la fourmi est un animal vil : elle est petite, méprisable, et elle ne fait que suivre ses congénères. Nous serions davantage enclin à préférer la cigale à la fourmi… Enfin, la fourmi, dans la fable, apparaît comme avare et méchante : elle se moque de la cigale, elle est pleine de ressentiment, elle est jalouse de la liberté de la cigale, et ne trouve son plaisir qu’au moment où celle-ci est en difficulté.

Ce que critique La Fontaine est davantage l’avarice et la méchanceté que l’oisiveté (qui, de plus, est une valeur positive dans l’Antiquité, puisque le travail est le fait des esclaves). La Fontaine, qui a écrit des contes érotiques, n’est peut-être pas le moralisateur qu’on voudrait bien croire… Être « moraliste », c’est cerner les défauts des gens, non pas leur inculquer une morale.

Conclusion

Les Fables sont l’œuvre d’une vie. La Fontaine y déploie toute la fantaisie, toute la créativité, tout le talent dont il est capable. Il y montre son expérience, son savoir, mais aussi sa faculté à cerner les défauts des gens et de son époque.

Loin de la littérature de divertissement, c’est une œuvre de sagesse, presque philosophique, que nous offre La Fontaine, et il faut la lire de cette manière-là. « Placere et docere », comme le suggérait déjà le philosophe Lucrèce, élève du matérialiste antique Épicure. C’est cette générosité, cette richesse de l’œuvre qui demeure et qui fascine toujours.

Mais il serait dommage de s’arrêter à La Fontaine. Beaucoup d’autres auteurs ont écrit des fables, certains en écrivent encore, et il est non seulement intéressant de les comparer, mais aussi, simplement, de lire ce qu’ils ont à nous dire : Jean-Pierre Claris de Florian, Antoine Houdar de la Motte, Antoine Furetière ou encore Charles Perrault.

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Nathan

Ancien étudiant de classe préparatoire b/l (que je recommande à tous les élèves avides de savoir, qui nous lisent ici) et passionné par la littérature, me voilà maintenant auto-entrepreneur pour mêler des activités professionnelles concrètes au sein du monde de l'entreprise, et étudiant en Master de Littératures Comparées pour garder les pieds dans le rêve des mots.